Toute peine mérite-t-elle salaire?

Depuis le lundi 5 octobre, trois lycées professionnels de l'académie de Créteil expérimentent un système de "cagnotte" pour lutter contre l'absentéisme de certains élèves. Les gains à venir seront redistribués au sein de la classe pour financer diverses actions, comme des inscriptions à un permis de conduite ou un code, l'accès à un spectacle, ou autres.

La polémique fait rage... par le biais des médias, et de nombreux spécialistes de l'éducation ou acteurs sociaux, dont

la FCPE

, se sont prononcés défavorablement sur ce projet, dont Martin Hirsch, haut-commissaire à la jeunesse, soutient le premier financement.

Ceci peut donc nous interpeller, en tant que parents d'élèves, pour plusieurs raisons :

- l'école peut-elle se limiter à la seule question de la présence de l'élève? Quid du plaisir d'apprendre? Quid de l'importance de la sociabilité entre adolescents? Quid de la confiance mutuelle instaurée progressivement dans la classe entre les enseignants et les élèves?

- l'accès au savoir peut-il se limiter à 25 euros par mois par élève (estimation moyenne de la prime classe pour une année scolaire)? L'argent peut-il être le seul vecteur de motivation d'un élève? Le savoir est libérateur et ne devrait pas se monnayer au moins au sein de l'école.

Terminons par un court récit fictionnel : aurons-nous dans quelques mois, voire quelques années, à nous prononcer en tant que parents d'élèves sur des sponsorings, qui associeraient Nike au cours d'EPS, Microsoft à la validation du B2i, le groupe Matra-Hachette pour une séance de recherche documentaire au CDI? Un établissement scolaire qui aurait plus de partenaires financiers qu'un autre pourrait-il faire des offres de cours plus nombreuses et variées et proposer des « énormes cagnottes »? 

Progressivement, il semblerait que la marchandisation des savoirs gagne du terrain, celui de l'école notamment...